Le visage encore tout rond de mon tout petit bébé, et un message de ma grand-mère sous une photo d’elle. Un lien qui relie. La très longue branche d’un très grand arbre. Généalogie, tests ADN — paternité, toujours la « paternité » d’un être ou d’une œuvre, quand en tant que femme on dit qu’on revendique la « maternité » de son travail ça sonne bizarre, ça trébuche.
En même temps, moi jamais je n’ai pensé que créer (un livre un tableau une chanson) c’était comme enfanter.
En même temps, peut-être qu’enfanter ce n’est pas forcément créer une famille, et vice versa.
Les liens les lianes qui nous relient les unes aux autres on peut en hériter, s’en contenter, les rejeter, en tisser d’autres avec conscience, pas dans le sang ni dans les gènes, dans autre chose alors, on ne s’oblige à rien sinon s’aimer. Choisir. Se choisir, mutuellement. Se donner l’importance d’adelphes aux destins partagés.
Dans l’histoire familiale qu’on se traîne qui se trame parfois jusque dans nos corps encore, souvent des tragédies des secrets des douleurs qui se réveillent la nuit tombée. Il y a des combats qu’il a fallu mener, des choix faits sans possibilité de retour en arrière, il y a des asiles des hôpitaux des maladies, des voyages des rencontres des non-dits.
Il y a de l’horreur, de l’apprentissage, de l’amour. Il y a notre époque, les précédentes et celles qu’on veut inventer, il y a la vie et puis la mort aussi. Il faut de tout pour faire un monde, il faut de tout pour famille.